Les sols des zones humides - le nouvel or | Journée mondiale des zones humides
En rattrapant mon retard sur l'actualité la semaine dernière, je suis tombé sur les réflexions de John Stackhouse de RBC sur Davos. Dans son article intitulé The MehMeh-conomy & Matterhorn-sized risk : 12 themes for a fragmented world, j'ai été très heureux de lire le numéro 8 en particulier. "Le sol, le nouvel or".
Pourquoi une telle satisfaction, me direz-vous ?
M. Stackhouse explique que les sessions de Davos sur l'agriculture régénératrice ont été parmi les plus suivies, les PDG et les chefs de gouvernement ayant pris conscience du fait que "... les terres agricoles sont considérées comme un atout majeur pour l'action climatique, car, correctement gérées, elles peuvent absorber les émissions de secteurs entiers. Elles peuvent également compenser les émissions de carbone, de méthane et de protoxyde d'azote provenant des engrais et de la production et de la consommation de denrées alimentaires".
En cette journée mondiale des zones humides, j'ai pensé m'appuyer sur ces bonnes nouvelles pour mettre en évidence la valeur particulière du sol des zones humides du Canada.
Commençons par les bases.
Les zones humides couvrent environ 13 % de la superficie du Canada. Comme dans de nombreux endroits dans le monde, nous avons auparavant considéré que nos zones humides avaient peu de valeur. Nombre d'entre elles ont été drainées et remblayées ou ont fait l'objet d'une utilisation abusive. Par exemple, dans le sud de l'Ontario, 68 % des zones humides d'origine ont été converties de leur état naturel à d'autres usages tels que l'agriculture et le logement. (C'est en partie la raison pour laquelle le projet du gouvernement de l'Ontario de retirer des terres de la ceinture verte suscite tant de controverses).
L'opinion selon laquelle les zones humides ont peu de valeur reflète le manque de compréhension de leur contribution à notre planète, notamment en ce qui concerne l'inversion de la perte de biodiversité et la réduction des impacts financiers et sociaux des inondations. Mais avec l'augmentation du changement climatique et ses effets sur notre planète et nos communautés, ces sentiments sont en train de changer. Dans le monde entier, les zones humides sont le seul écosystème désigné pour la conservation par les conventions internationales.
Cela s'explique par le fait qu'ils :
absorber l'impact des événements hydrologiques tels que les grandes vagues ou les inondations (un puissant mécanisme d'adaptation au climat) ;
séquestrent et stockent le dioxyde de carbone ;
filtrer les sédiments et les substances toxiques ;
fournissent de la nourriture et un habitat essentiel à de nombreuses espèces de poissons, de crustacés, d'oiseaux de rivage, de gibier d'eau et de mammifères à fourrure (amélioration de la biodiversité) ;
fournir des produits alimentaires (riz sauvage, canneberges, poissons, oiseaux sauvages) ; et
sont des zones récréatives et culturelles précieuses pour des activités telles que la chasse, la pêche et l'observation des oiseaux.
Outre la valeur intrinsèque des zones humides, leur valeur en termes de solutions basées sur la nature pour lutter contre le changement climatique attire enfin le soutien de la population en faveur de leur préservation et de leur protection.
Le sol des zones humides est unique.
Comme ces zones sont submergées ou partiellement submergées pendant de longues périodes, le sol contient peu ou pas d'oxygène. Sans beaucoup d'oxygène, la décomposition et la minéralisation de la matière organique sont fortement ralenties. Outre les écosystèmes uniques que ces zones développent, les zones humides, en général, constituent un puits de carbone naturel important, capable de séquestrer beaucoup plus de carbone que d'autres types de sol. Pour les chefs d'entreprise et les responsables gouvernementaux qui cherchent à réduire leurs émissions de carbone, les sols des zones humides ont une valeur concrète.
Il n'y a pas si longtemps, l'industrie forestière canadienne était rude pour nos zones humides.
La surexploitation, les machines et la construction de routes ont fait des ravages. La Société canadienne de fiducie forestière (CFT) a été fondée sur le principe qu'il existe une meilleure façon de procéder. Nous adoptons une approche holistique de la foresterie qui va au-delà de la simple plantation d'un arbre. Nous travaillons avec les populations autochtones et des experts industriels novateurs pour réhabiliter des écosystèmes entiers, y compris des zones humides. Par exemple, nous nous engageons dans un partenariat avec la société Mikro-Tek de Timmins, leader dans la pratique biologique de l'inoculation de champignons mycorhiziens, afin d'améliorer la croissance et la résilience des arbres. En bref, l'introduction de champignons mycorhiziens protège les racines et augmente l'absorption des nutriments par les jeunes plants, jouant ainsi un rôle important dans la réhabilitation des terres.
La présence de champignons mycorhiziens dans les zones humides est très répandue. Elle semble contribuer de manière significative à "l'acquisition de nutriments, à l'activité photosynthétique, à la production de biomasse et à la réduction du stress salin", ce qui suggère que nos zones humides ont encore plus à nous apprendre que ce que l'on croyait, en particulier dans le domaine de la fertilité et de la résilience des sols. Les modèles climatiques actuels prévoient des tempêtes de pluie plus intenses et des sécheresses extrêmes, ce qui fait de nos zones humides et de leurs caractéristiques pédologiques uniques un trésor dans tous les sens du terme.
Bonne journée mondiale des zones humides !