Les clics d'Amazon sur les émissions de la chaîne d'approvisionnement (Scope 3).

Auteur : Peter van Dijk, Responsable de la politique et des finances durables, Canada's Forest Trust

Le paysage de la responsabilité environnementale des entreprises est sur le point de connaître un changement sismique, avec Amazon, le titan du commerce électronique, en tête de file. Dans une démarche qui souligne son engagement en faveur d'un avenir plus durable, Amazon a annoncé qu'elle exigerait de ses fournisseurs qu'ils rendent compte de leurs émissions de gaz à effet de serre à partir de 2024. Bien que peu de détails aient été fournis, la vice-présidente d'Amazon chargée du développement durable au niveau mondial, Kara Hurst, a déclaré : "Nous utiliserons notre envergure, nos investissements et nos innovations pour fournir des outils et des ressources afin d'aider [nos fournisseurs] à atteindre leurs objectifs, qu'il s'agisse de passer à l'énergie renouvelable ou d'accéder à des matériaux plus durables".

En cas de succès, l'impact d'Amazon pourrait être transformationnel. 

L'empire d'Amazon s'est construit sur un réseau logistique capable d'acheminer des articles dans le monde entier aussi rapidement et efficacement que possible. Aujourd'hui, on estime que l'entreprise génère 26,6 millions de dollars par heure! Amazon est une entreprise sans précédent dans l'histoire du capitalisme, et son pouvoir de façonner le monde est inégalé. L'annonce d'Amazon indique également l'engagement continu de l'entreprise à atteindre les objectifs de l'Accord de Paris 10 ans avant la date prévue, comme le souligne son engagement en faveur du climat. Elle envoie un message fort au monde de l'entreprise, soulignant que la responsabilité environnementale ne concerne pas seulement les pratiques internes, mais s'étend à l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement, en ciblant spécifiquement la catégorie d'émissions la plus difficile à gérer.

De l'avis général, les émissions du champ d'application 3 sont les plus difficiles à mesurer et à traiter. 

Le cadrage des émissions est issu du protocole de 2001 sur les gaz à effet de serre, qui divise les émissions en trois catégories : champ d'application 1, champ d'application 2 et champ d'application 3. Le champ d'application 3 englobe les émissions qui ne sont pas produites par l'entreprise elle-même, ni le résultat des activités des actifs qu'elle possède ou contrôle, mais qui sont produites par ceux qui se trouvent en amont et en aval de sa chaîne de valeur. Deloitte estime que pour la plupart des entreprises, les émissions de type 3 représentent plus de 70 % de leur empreinte carbone, alors qu'elles échappent le plus souvent au contrôle direct de l'entreprise. Ces types d'émissions proviennent de l'extraction, de la fabrication et du traitement des matières premières et de celles produites par les clients qui utilisent les produits de l'entreprise. Au niveau mondial, les entreprises doivent réduire leurs émissions dans ces trois domaines pour atteindre les objectifs fixés au niveau international en matière de lutte contre le réchauffement climatique. 

Amazon a une influence considérable sur les marchés mondiaux et, par conséquent, sur la transition du monde vers une économie verte. 

L'annonce d'Amazon déclenche un effet d'entraînement critique, transformant le mode de fonctionnement des entreprises de toutes tailles, avec une attention particulière pour les sociétés qui font partie de la chaîne d'approvisionnement vaste et diversifiée d'Amazon. Il incombera désormais aux fournisseurs de suivre, d'enregistrer et de déclarer leurs émissions de carbone, soulignant ainsi leur rôle essentiel dans la lutte contre le changement climatique. Bien que cette nouvelle directive soit susceptible de poser des problèmes à court terme, en particulier pour les petites et moyennes entreprises, elle permet également à ces organisations de démontrer leur engagement en faveur de pratiques durables. En s'alignant sur la vision d'Amazon pour un avenir respectueux de l'environnement, les fournisseurs contribueront à une cause mondiale et obtiendront un avantage concurrentiel sur un marché de plus en plus soucieux de l'environnement.

Si Amazon a créé un monde où "un clic" peut livrer le monde à notre porte, peut-il également contribuer à façonner un monde où les consommateurs sont en mesure de cliquer sur notre chemin vers un avenir meilleur ? 

Plus qu'un simple protocole administratif, l'obligation de déclaration des émissions d'Amazon pour 2024 représente un pas décisif vers des pratiques commerciales durables globales. Son influence incite fortement les fournisseurs à adopter des pratiques plus écologiques, ce qui, mis bout à bout, constituera une avancée majeure et indispensable dans la lutte collective contre le changement climatique. 

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