Dé-Silo'ing notre investissement dans les forêts pour un meilleur rendement
Auteur : Steve Hounsell, Conseiller du Conseil pour la science, l'innovation et la politique, Société fiduciaire forestière du Canada
Comme l'a dit un jour l'Oracle d'Omaha, Warren Buffet, ce n'est que lorsque la marée se retire que l'on découvre qui a nagé nu. Buffet parlait de gagner de l'argent dans un marché fort, mais je pense qu'un autre type de scénario d'investissement peut être envisagé.
Considérez ceci : On ne peut parler de réduction des émissions de gaz à effet de serre de la Terre qu'en parlant de forêts saines. Et on ne peut parler de forêts saines que si l'on parle de biodiversité.
Ils ne sont pas, et n'ont jamais été, réductibles ou séparés. Nous les traitons simplement de cette manière.
Par exemple, de nombreux dirigeants d'entreprises et de gouvernements sont désireux d'investir dans la plantation d'arbres afin de réduire leur empreinte carbone tout en démontrant à leurs parties prenantes et à leurs citoyens qu'ils sont socialement et écologiquement responsables.
Il s'agit là de bonnes et admirables intentions, mais je pense que sans une approche stratégique plus globale de la construction des forêts, nous sommes tous en train de nager nus.
Permettez-moi de préciser.
Les bons arbres : En plantant les bons arbres indigènes, ceux qui proviennent d'un stock génétique approprié à la région et qui sont adaptés au site local et aux conditions d'humidité sont plus à même de survivre au climat futur prévu. En outre, ces arbres indigènes sont capables de soutenir et d'entretenir la gamme d'espèces indigènes dépendant de la forêt que l'on devrait trouver dans ces forêts.
Les bons endroits : L'endroit où nous plantons un arbre est aussi important que ce que nous plantons et la manière dont nous le faisons. Au niveau le plus élémentaire, nous devrions planter des forêts là où elles ont existé historiquement et où le climat favorise leur survie à l'avenir. Les tentatives de conversion en forêts des prairies et autres écosystèmes non forestiers se sont révélées aussi désastreuses pour la biodiversité que le défrichement pour l'agriculture ou la construction de logements. Parmi les facteurs directs de l'appauvrissement de la biodiversité mondiale, on peut citer la perte d'habitat due au changement d'affectation des terres et des mers, la surexploitation des espèces, le changement climatique, la pollution et les espèces envahissantes.
Les bonnes raisons : La restauration et l'entretien stratégiques des forêts permettent d'obtenir des gains et des avantages multiples pour divers résultats. En termes commerciaux, nous appelons cela le triple bilan ou la transition vers une économie verte. Cela inclut la création d'emplois, l'atténuation des inondations et l'amortissement des épisodes de chaleur extrême dans les zones urbaines, tout en conservant la biodiversité. Beaucoup d'entre nous, qui travaillons dans le domaine de la biodiversité et de la durabilité écologique, appelons cela l'intelligence. C'est l'une des principales raisons pour lesquelles je suis attiré par le travail de la Forest Trust Corporation du Canada. Elle conçoit et développe des projets de restauration forestière qui tiennent compte de l'ensemble de l' écosystème - les bons arbres aux bons endroits pour les bonnes raisons.
Alors que le monde est confronté à une crise de la biodiversité sans précédent , avec plus d'un million d'espèces menacées d'extinction dans le monde, dont des centaines d'espèces en danger au Canada, la préservation et la conservation de la biodiversité sortent enfin de l'ombre.
Nous entrons dans une nouvelle ère où les chefs d'entreprise innovants et les municipalités, en particulier, vont au-delà de la réduction et de l'atténuation de leurs impacts environnementaux pour mesurer, en termes monétaires, la valeur des divers services bénéfiques que les environnements naturels fournissent. C'est ce que certains appellent la " durabilité 3.0". Chris Knight, fondateur de l'équipe de PricewaterhouseCoopers (PwC) chargée de la foresterie et de l'utilisation durable des terres, l'a qualifiée d '" économie pure et dure ".
Alors que la biodiversité de la planète dépend des forêts du monde entier, à quoi ressemble une approche plus globale des investissements au Canada ?
Voici quelques réflexions :
Insister sur de meilleures décisions en matière de conservation et d'aménagement du territoire. Par exemple, en 2021, la Société canadienne pour la conservation de la nature (SCCN) a publié la première étude complète sur les endroits où la nature du sud du Canada doit être protégée et restaurée face à la perte d'habitat et au changement climatique. Notre approche fragmentée et concurrentielle des priorités en matière d'aménagement du territoire est une fausse économie.
Financer à dessein des "plantations tampons", en particulier autour des zones clés pour la biodiversité, des zones protégées et des terres de conservation associées aux engagements du Canada en matière de biodiversité dans le cadre de l'initiative "30 millions d'ici 2005". La protection et le rétablissement des forêts à proximité des cours d'eau, des lacs et des zones humides sont bénéfiques pour l'homme et la faune, notamment en ce qui concerne l'atténuation des inondations, le soulagement des épisodes de chaleur extrême dans les zones urbaines et la restauration de l'habitat..
Restaurer l'habitat essentiel des espèces forestières menacées en fonction des besoins de restauration de l'habitat identifiés dans les plans de reconstitution des espèces et des espèces clés, comme le caribou des bois, qui sert d'indicateur général de la santé de l'écosystème.
Donner la priorité à la restauration des forêts dans les paysages nordiques qui ont été gravement endommagés par des incendies extrêmes, des maladies et des infestations d'insectes envahissants, ainsi que par des lignes sismiques.
Ce qu'il faut retenir, c'est que si nous prenons au sérieux nos investissements dans l'action climatique, la régénération et la restauration d'écosystèmes forestiers entiers est la définition même d'un investissement judicieux. Comme M. Buffet aime à le dire, "notre période de détention préférée est l'éternité" : "Notre période de détention préférée est l'éternité.